Touche-à tout cultivé et personnage aux talents multiples, Normand Cazelais s’est illustré comme géographe, aménagiste du territoire québécois, enseignant, journaliste, animateur radio, chroniqueur télé, auteur et père de famille.
Normand Cazelais est entré au collège André-Grasset dans le cadre du cours classique avant que celui-ci ne cède la place au système scolaire actuel vers la fin des années 1960. C’est ainsi que, se concentrant sur l’études des lettres, de la rhétorique et de la philosophie, on pourrait s’imaginer le futur auteur se passionner déjà pour la beauté de la langue et la réflexion qu’elle permet de partager. En pratique, il s’impliquera au sein du journal du collège (« Le Grasset ») en tant que rédacteur en chef. Témoignant de son intérêt pour l’écriture et la communication, Pierre St-Onge, un de ses collègues grasséens signera son album de finissants en ces termes : « Tout ce dont il parle lui tient à cœur; convaincu de ce qu’il avance, il peut rapidement amener tout un groupe à ses idées. […] il saura sûrement épouser les bonnes causes et je suis persuadé qu’avec sa fougue coutumière, il saura les faire progresser. »

Après avoir gradué en 1965 au Collège André-Grasset, il intègrera l’université de Montréal dont il sortira avec un diplôme en géographie qui le mènera à travailler plus de 30 ans en aménagement du territoire et en environnement à Hydro-Québec, mais également à fourbir ses premières armes de voyageur et chroniqueur.
Tel un véritable « amoureux de l’hiver québécois » Normand Cazelais ne manque pas de célébrer sa terre natale dans toute sa poésie naturelle tout autant que dans ses dimensions culturelles et sociales. S’intéressant à son époque, il affiche notamment un intérêt particulier pour ce qu’il appellera un « devoir de mémoire » à l’occasion de la sortie de son livre Chronique d’une vie sur deux millénaires. Convaincu qu’il aura été un « témoin participant d’une génération charnière », il nous parle de l’affranchissement de la religion et des luttes étudiantes et sociales.
Son attachement de tout temps pour le Québec d’aujourd’hui lui fait afficher à la fois une certaine fierté mais également un désir constant d’évolution de la société, parfois dans les mots du géographe : « On ne prend pas soin collectivement de notre espace habité. Ailleurs, on subventionne l’agriculture pour garder les champs en vie. Ici, des terres retournent en fardoches et on ferme des villages. Un peuple a le devoir de prendre soin de son territoire », ou dans ceux de l’indépendantiste convaincu. Il semble déplorer en effet que les Québécois se soient dit « non » à deux reprises : « On n’a toujours pas la maîtrise de notre destin et du développement de nos ressources », soutient l’écrivain.
Sous sa plume de chroniqueur notamment partenaire du journal Le Devoir, il n’hésite pas à aborder des thèmes sociopolitiques de la scène locale ou internationale. C’est ainsi par exemple qu’il s’interrogera dans une réflexion résolument moderne sur les capacités de l’Afrique à accueillir les jeux olympiques qui ne seraient alors plus la « chasse gardée des pays du G8 » ou les diverses implications du tourisme pour les peuples locaux en cette période de changements et catastrophes climatiques.
L’Association des Anciens et Anciennes du collège André-Grasset tenait donc à se joindre à tous ceux qui auront découvert et aimé tout d’abord l’étudiant puis l’homme de lettres, le voyageur et l’éternel curieux qu’était Normand Cazelais pour lui rendre hommage.
Puisqu’il nous a quittés le 21 août dernier, nous sommes fiers de vous inviter à visionner l’entrevue que nous avions réalisée avec lui, dans laquelle il nous parle entre autres de l’époque de ses études au collège André-Grasset. Enfin l’équipe de la bibliothèque du collège vous convie à venir (re)découvrir le travail de Normand Cazelais au travers de plusieurs de ses œuvres mises de l’avant pour l’occasion à partir du 4 octobre.